Ila Touba !

MaschataDiop

by MaschataDiop

Story

Ila Touba! Au revoir Touba! L’accueil de centaines de milliers de personnes se rendant chaque annĂ©e au Grand Magal pour le grand pèlerinage dela ville sainte de Touba au SĂ©nĂ©gal. Ils voyagent dans des bus bondĂ©s, sur des mobylettes, des charrettes Ă  cheval, dans des taxis collectifs. Le pays entier est plongĂ© dans le chaos de la circulation. En 2013, j’ai pris la route pour Dakar avec un guide touristique et 3 de ses amis. Dans un taxi “7 places”.

Touba, la capitale des Mourides. Un mouvement soufi avec des millions d’adeptes et une grande influence politique au SĂ©nĂ©gal. Il a Ă©tĂ© fondĂ© par Cheikh Amadou Bamba, dont l’image est omniprĂ©sente au SĂ©nĂ©gal : Son portrait orne les murs et est accrochĂ© au rĂ©troviseur comme porte-bonheur. NĂ©anmoins, nous sommes restĂ©s bloquĂ©s dans les embouteillages.

L’odeur du cafĂ©. Le guide presse le liquide noir d’un thermos dans des tasses Ă  expresso brunes. “CafĂ© Touba”, dit-il en souriant. “Jerejeff. Merci,” je dis. GoĂ»tez avec soin. Fortement sucrĂ©. Avec une finition chaude et poivrĂ©e. “CafĂ© Touba revigore”, dit le chauffeur. “Bamba louki”, chante tout le monde. En rejoignant la mĂ©lodie joyeuse, j’attire les regards bienveillants de mes compagnons de voyage. Ce sont des Baye Fall, disciples de Lamp Fall, les adeptes le plus fidèles de Bamba. Ils sont toujours assis dans la voiture en jeans et T-shirts. Plus tard, ils se glisseront dans des robes patchwork colorĂ©es comme celles que Lamp Fall portait. “Comme un signe que nous sommes tous diffĂ©rents, mais que nous faisons partie d’un grand tout”, me dit-on.

Savanes, champs, huttes, baobabs, mosquĂ©es, charrettes Ă  ânes, Ă©paves de voitures accidentĂ©es, bus, poussières. Au carrefour, des femmes proposent des mangues, de l’eau dans des petits sachets en plastique, des cacahuètes. La radio passe du zikr, des chants spirituels. Je suis fatiguĂ©. Nous sommes Ă  4 heures et demie deroute lorsque nous atteignons Darou Moukhti. Nous passerons la nuit lĂ -bas.

Nous passons la majeure partie de la journĂ©e du festival Ă  Mbacke, un village situĂ© Ă  20 km avant Touba. On roupille sous un baobab et on mange, tous rĂ©uni autour un seul bol. Agneau, riz, bouillie de cĂ©rĂ©ales. Le soir, je m’allonge dans mon sac de couchage. Sens : lesol sablonneux frais, l’air qui vibre. Tambours. Une invasion sur Touba et de tous les villages environnants. Ils cĂ©lèbrent le retour d’exil de Bamba, il y a plus de 100 ans.

“Allons Ă  Touba !” disent-ils le lendemain soir. En taxi collectif et en charrette tirĂ©e par des chevaux. La mosquĂ©e est illuminĂ©e, magnifique Ă  voir. “D’abord allons visiter les tombes”, dit le guide. Devant le sarcophage de Lamp Fall, les Baye Fall scandent Ă  voix haute “La ilaha illa Allah”. Bien que n’Ă©tant pas musulmane, je porte un foulard et je suis autorisĂ©e Ă  entrer. On me demande de prendre des photos. La source sacrĂ©e, la queue des femmes priant pour la bĂ©nĂ©diction des enfants. La joie, le bonheur, associĂ© Ă  la spiritualitĂ©, je les emporte avec moi dans mon cĹ“ur. Je reviendrai.

© MaschataDiop 2021-05-11

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